L’HOMME CURIEUX

Texte de Christian Paccoud

Ce qui est curieux chez l’homme
C’est qu’il marche quand même
Avec ou sans Valium
Avec ou sans « je t’aime »
Il s’en va n’importe où
Purger sa longue peine
En par dessus dessous
Ses vingt ans de baptême

Y a ceux qui vont par deux
Au hasard des méfiances
D’un chien qui bat la queue
D’un chat qui s’en balance

Y a les carrés, tout blancs
Des lunettes sur le sexe
Qui bavent en transparent
Des femmes sans complexes

Y a les p’tits chefs qui broutent
Des valets sous les bois
Marchants cossus qui coûtent
Et comptent sur leurs doigts

Y a la guerre à Milan
Deux mille ans de curés
Récurés propres et blancs
Des lunettes sur le nez
Trop fatigués de voir
L’inaccessible éteinte
Faire l’amour dans le noir
Juste pour être enceinte !

C’est au pied de l’échelle
Qu’on cherche l’escabot
L’amant se fait la belle
L’amante se fait les beaux

C’est au bar des joyeux
Qu’on les compte à rebours
Alignés deux par deux
Trois par trois, tour à tour

Ils parleront de moi
Quand je serai sorti
Des tournées que je dois
Des mots que j’ai pas dit
Parce que je dis pas tout
Quand je parle à mon verre
Parce qu’il me ment c’est tout
Et que j’en fais des verres…

Des verres à pieds bien sûr
Rose du vin d’Anjou
Six rosés roses et frais
Cinq amis de comptoir

Six tournées d’assurées
Et puis cinq au revoir
Et comme ça…. tous les soirs
Tissent des araignées
Des toiles de comptoirs
A coup de six rosés !